Automates
Intelligents utilise le logiciel
Alexandria.
Double-cliquez sur chaque mot de cette page et s'afficheront
alors définitions, synonymes et expressions constituées
de ce mot. Une fenêtre déroulante permet aussi
d'accéder à la définition du mot dans une
autre langue.
30 septembre 2014 Présentation
par Jean-Paul Baquiast
The Island of
Knowledge :
The Limits of Science and the Search for Meaning
The Island of Knowledge: The Limits of Science and the Search for
Meaning
par
Marcelo Gleiser
Basic
Books (June 3, 2014)
Marcelo
Gleiser (né en 1959) est un physicien et un astronome
réputé, peu connu malheureusement en France.
Né au Brésil où il a fait ses études
universitaires, il est aujourd'hui professeur de physique
et d'astronomie au Darmouth College, New Hampshire, fondation
privée de recherche et d'enseignement scientifique.
Ses recherches ont porté sur la physique de l'univers
primordial et les origines de la vie sur Terre ou éventuellement
dans l'univers. Il a fait de nombreuses hypothèses
d'intérêt reconnu sur les relations entre la
physique des particules et la cosmologie, notamment dans ce
que l'on appelle les transitions de phase et les brisures
spontanées de symétrie, intéressant les
passages d'un particule à une autre et l'apparition
de nouvelles particules.
Précédemment à "The Island of Knowledge",
il a publié 3 ouvrages d'intérêt reconnu
concernant l'évolution et la philosophie des sciences
:
* The Prophet and the Astronomer: Apocalyptic Science and
the End of the World, 2003
* The Dancing Universe: From Creation Myths to the Big Bang,
1998
* A Tear at the Edge of Creation: A Radical New Vision for
Life in an Imperfect Universe, 2010
Nous
considérons que "The Island of Knowledge" est un
ouvrage d'intérêt considérable. Toute personne
s'intéressant aux sciences et à leur avenir devrait
le lire et y réfléchi. On peut craindre qu'il ne soit
pas traduit rapidement en français, mais écrit dans
un style courant, il est accessible à tous ceux possédant
quelques rudiments de langue anglaise.
Comment le définir ? Disons qu'il s'agit d'un ouvrage de
philosophie des sciences. Appelons ici philosophie des sciences
une philosophie qui s'intéresse aux sciences, de leurs origines
à leurs devenir, mais aussi une philosophie générale,
portant sur l'humain et sur le monde, qui s'appuie sur les connaissances
scientifiques. Pour prétendre philosopher sur les sciences,
il faut d'abord bien les connaître, tant dans leur passé
que dans leur état actuel et les perspectives sur le futur
qu'elles proposent. C'est bien là le grand talent de l'auteur.
« The Island of Knowledge » réalise
en ce sens un travail, non pas de vulgarisation, terme qui serait
un peu réducteur, mais de présentation et de discussion
de l'histoire et du contenu des connaissances scientifiques, que
nous jugeons, avec ce que nous connaissons de ces sujets, absolument
remarquable.
Il ne cherche évidemment pas à balayer l'ensemble
des connaissances, mais il présente les trois principaux
domaines qu'il faut absolument connaître aujourd'hui car autour
d'eux s'organisent tous les savoirs scientifiques: les origines
et le futur de l'univers, la nature de la matière telle qu'analysée
par les physiciens, depuis les alchimistes jusqu'aux physiciens
quantiques, la nature de l'esprit humain et des interprétations
du monde qu'il propose, incluant les perspectives ouvertes par l'intelligence
générale artificielle . Il ne traite pas à
proprement parler de la biologie, mais en permanence la question
de la vie est évoquée, dans un sens large.
Nous
disons qu'il faut absolument connaître, au moins l'essentiel
de ces domaines car il est bien évident que discourir sur
la science sans posséder ces bases n'a aucun intérêt
philosophique. Mais acquérir ces bases suppose évidemment
un long travail, que tous, fussent-ils bien intentionnés,
ne peuvent faire. Rien n'interdit à ceux qui n'ont pu de
faire de s'exprimer, mais ceci devrait leur imposer une modestie
dont ils manquent généralement (comme le montrent
par exemple les commentaires aux articles scientifiques faits sur
les réseaux sociaux).
The Island of Knowledge présente le grand intérêt,
dans chacun des trois domaines proposés, de rappeler les
origines des théories évoquées, en remontant
si nécessaire à l'Antiquité grecque, de résumer
sommairement mais clairement l'état actuel des connaissances
et, surtout de souligner les éléments qui demeurent,
dans chacune d'entre elles, soit encore mal connus, soit (vraisemblablement)
à jamais inconnaissables. Ce travail est à lui seul
une performance, car il suppose que l'auteur ait pu se livrer à
un inventaire quasiment encyclopédique de l'évolution
des connaissances évoquées. Le lecteur, en le lisant,
pourra en tous cas rafraichir et actualiser ses propres notions
concernant le monde et les regards portés sur lui par les
sciences.
La pratique expérimentale
Le livre rappelle par ailleurs dans pratiquement toutes ses pages
que la science est une activité humaine absolument originale,
apparue au 6e siècle avant JC, qui s'est pleinement développée
en Europe à partir de l'ère dite des Lumières,
et qui s'est propagée, non sans obstacles et résistances,
au sein d'autres réalisations. Comme le savent ceux que l'on
nomme en France les matérialistes scientifiques (naturalists
en anglais), elle repose sur un postulat incontournable. Il
s'agit de ne retenir que les hypothèses vérifiables
expérimentalement.
Certes,
l'extension naturelle des champs de l'hypothèse, comme le
perfectionnement continu des instruments d'observation, font que
ce que l'auteur appelle l' « Ile des connaissances »
ne cesse de s'étendre, mais la nécessité d'exclure
de la science, sauf exceptions sur lesquelles nous reviendrons,
tout ce qui n'est pas vérifiable expérimentalement
distingue radicalement la science de l'art, de la religion mais
aussi de la philosophie dite métaphysique.
La
science étant ainsi bordée, rien n'interdit, comme
nous venons de le rappeler, les discours philosophiques commentant
ses résultats ou anticipant sur des résultats futurs.
De même, il est très important d'autoriser les scientifiques,
dans leurs disciplines, à faire des hypothèses qui
ne soient pas immédiatement vérifiables. Le cas est
fréquent, en cosmologie ou en mécanique quantique.
Mais il faut pour ce faire être déjà très
qualifié dans les disciplines correspondantes, et ne pas
évidemment renoncer à rechercher des preuves expérimentales
à ces hypothèses. Ceci n'autorise évidemment
pas n'importe qui à dire n'importe quoi et à tenter
de le propager avec un entêtement mal placé.
Il
faut donc absolument rappeler les fondements expérimentaux
de la science, face à l'avalanche, qui a toujours été
mais qui ne s'est pas ralentie, des jugements se disant scientifiques
mais qui n'ont pas de bases vérifiables. On parlera alors
de fausses sciences ou pseudo-sciences(1).
Un tour d'horizon interdisciplinaire
Il s'agit à première vue d'évidences, tout
au moins aux yeux des philosophes de la science et des scientifiques.
Est-il nécessaire de consacrer tout un ouvrage à les
rappeler? Notre réponse sera évidemment affirmative.
D'une part le tour d'horizon des domaines scientifiques étudiés
par le livre s'impose, dans un esprit que l'on qualifie généralement
d'interdisciplinaire. Nombre de chercheurs éminents, tout
au moins dans leurs premières années de recherche,
ignorent faute de temps les travaux de collègues portant
sur des questions apparemment très éloignées
mais qui à plus ample informé se révèlent
très liées.
D'autre part et surtout, c'est à l'intention des lecteurs
généralistes que s'impose cette remise en perspective.
Ceux-ci ne connaissent l'évolution des connaissances qu'à
partir d'articles nécessairement spécialisés.
Ils risquent donc de ne pas faire les rapprochements nécessaires.
Ainsi un article sur le phénomène qualifié
de trou noir ne rappellera pas nécessairement les bases de
la physique quantique s'appliquant à cet état particulier
de la matière.
Mais, dira-t-on, n'existe-t-il pas suffisamment d'encyclopédies
des sciences fort bien faites qui auraient pu éviter à
l'auteur l'écriture d'une bonne moitié des pages de
son livre ? Disons ici que si fréquenter ces encyclopédies,
dont Wikipedia est l'équivalent sur le web, s'impose, ceci
ne donnera pas nécessairement le dernier état d'une
question évoluant vite. Dans certains des chapitres de son
livre, c'est au contraire ce à quoi s'est attaché
Marcelo Gleiser. Ces propos perdront vite de leur actualité,
mais pendant quelques mois de 2014-2015 en attendant une
nouvelle édition? - les questions qu'il aborde ne seront
pas traitées ailleurs sauf évidemment dans
des blogs spécialisés inabordables pour le tout venant.
Le mur de l'inconnaissable
Plus fondamentalement Gleiser met l'accent dans son livre sur des
aspects de la science rarement évoqués par les chercheurs
ou les vulgarisateur écrivant sur telle ou telle question
scientifique: les murs de la connaissance dans ces domaines. Chacun
sait qu'en permanence, toute recherche se heurte à un mur
d'inconnu. Mais qui dit mur d'inconnu ne dit pas nécessairement
mur d'inconnaissable, le terme inconnaissable pris au pied de la
lettre, signifiant que jamais l'humanité ne pourra s'aventurer
avec succès au delà de ce mur. Ce sera du soit à
l'impossibilité d'espérer disposer d'instruments permettant
d'expérimenter certaines hypothèses, soit à
la nature profonde de tel ou tel aspect de la réalité
relevant de ce que l'on nomme l'indécidable, soit à
l'incapacité de nos cerveaux, même renforcés
de prothèses artificielles, à embrasser des questions
trop complexes pour eux.
L'originalité du livre est de postuler, sans pouvoir évidemment
le démontrer, que toute une série de grands problèmes
posés par le développement des sciences ne pourront
jamais être résolus. Il en est ainsi de tout ce qui
concerne non pas l'univers observable, mais l'univers en général.
Jamais nous n'aurons par exemple les instruments permettant de nous
projeter à des millions ou milliards d'années-lumière
dans l'espace temps, jamais nous ne pourrons conceptualiser et a
fortiori modéliser avec la précision suffisante ce
que pourrait être un univers composé d'un nombre infini
d'univers-bulles comme le nôtre. Certes il ne faut pas poser
d'emblée l'inconnaissabilité de telle ou telle hypothèse,
ce qui éviterait de rechercher les preuves expérimentales
permettant de la confirmer. Mais au delà de certains niveaux
de difficultés, il apparaît raisonnable d'envisager
son inconnaissabilité fondamentale.
Ainsi, en matière de multivers, Gleiser nous rappelle que
dans les prochains mois, les cosmologistes rechercheront, à
partir des observations du fond de radiation micro-ondes cosmologique
(CMB) attendues du satellite européen Planck, d'éventuelles
traces d'une collision passée de notre univers avec un autre
univers. Mais il s'agira d'un cas particulier, très peu discernable,
qui donnera d'ailleurs lieu à d'innombrables interprétations.
Aller au delà, c'est-dire nous représenter de façon
quelque peu réaliste, autrement dite opérationnelle,
ce que pourrait être un multivers, ne parait pas scientifique.
Ne vaut-il pas mieux postuler que l'humanité, non plus d'ailleurs
qu'aucune autre espèce vivante, équipée de
corps et de cerveaux aux capacités limitées, même
avec le renfort de l'intelligence artificielle, disparaîtra
de la surface de la Terre sans avoir jamais pu répondre à
ces questions?
L'auteur ne nous dit pas, comme certains savants en leur temps (Lord
Kelvin en 1900), qu'il n'y a plus rien à découvrir,
mais au contraire qu'il y a un océan de choses que nous ne
pourrons jamais découvrir. Il conseille d'en prendre son
parti. Certes les frontières de la science reculeront sans
cesse pendant encore de longues années, sinon indéfiniment.
Sans cesse de nouvelles hypothèses se trouveront vérifiés,
ou ce que préfèrent d'ailleurs les théoriciens,
falsifiées selon le terme de Carl Popper, obligeant à
bâtir des hypothèses plus ambitieuses. Aujourd'hui
cette question a été évoquée, au vu
des récents résultats du grand collisionneur de hadrons
du CERN, qui semblent avoir confirmé la pertinence du modèle
standard des particules, alors que certains physiciens auraient
préféré une invalidation qui les aurait obligés
à réviser en profondeur leurs conceptions concernant
la physique des hautes énergies.
Mais pourquoi, tout au moins dans un certain nombre de domaines
pourtant essentiels, ne se heurterait-on pas au mur d'inconnaissable
évoqué par le livre. On a déjà objecté
à l'auteur que ce disant, il procède à un acte
de croyance que devrait s'interdire la démarche scientifique.
Depuis l'origine des sciences, les lois de la nature présentées
comme les plus établies ont toujours été revues
et complétées, ce qui a constamment ouvert de nouveaux
domaines de recherche. C'est sans doute d'ailleurs déjà
le cas en ce moment. Certains scientifiques pensent que les lois
dites fondamentales de l'univers, parmi lesquelles notamment la
vitesse de la lumière, pourraient être modifiées
à l'avenir, ou pourraient être différentes dans
d'autres univers, si ceux-ci s'étaient organisés d'une
autre façon que le nôtre à la suite d'une "fluctuation
du vide quantique" différente de celle ayant généré
notre propre univers.
La réponse de Gleiser, à cette objection, si nous
l'avons bien comprise, est que ces perspectives ne sont pas à
exclure dans le cadre d'une vision métaphysique de l'univers,
mais que pour le moment, sauf fait nouveau imprévisible,
elles ne présentent pas d'intérêt pour la pratique
scientifique. Dans le même esprit, il rejette toute tentative
visant à élaborer une « Théorie
du tout », qui non seulement ne reposerait sur rien de
vérifiable, mais qui pourrait décourager l'élaboration
d'autres théories particulières concernant tel ou
tel aspect de ce mythique « Tout ». Du fait
que nous ne pourrons jamais connaître l'étendue de
ce que nous ne savons pas, nous ne pourrons jamais prouver qu'une
Théorie du Tout englobe bien la totalité dudit Tout.
La vie et la conscience
Il faut préciser que, contrairement aux préconisations
des religions, les scientifiques d'aujourd'hui n'ont pas placé
dans le domaine de l'inconnaissable les deux questions pourtant
encore considérées comme très difficiles, celle
des origines de la vie et celle des mécanismes de la conscience.
Même si les circonstances précises ayant permis l'apparition
de la vie sur Terre il y a plus de 4 milliards d'années ne
seront sans doute jamais connues, ils espèrent dans des délais
relativement courts pouvoir créer un ou plusieurs organismes
vivants artificiels suffisamment proches des organismes vivants
biologiques pour que les questions que ceux-ci posent encore à
la biologie évolutionnaire se trouvent résolues.
Il en sera de même de la conscience artificielle, dont nous
avons souvent ici entretenus nos lecteurs. Pour reprendre l'expression
empruntée au test dit de Turing, si une conscience artificielle
pense comme une conscience, communique comme une conscience, alors
ce sera une conscience. On ne peut évidemment en dire autant
des phénomènes cosmologiques hypothétiques
complexes. Même s'il est possible de simuler certains d'entre
eux sur ordinateur, rien ne permettra jamais d'affirmer que quelque
chose d'analogue existe dans l'univers.
La mécanique quantique constitue un cas un peu particulier.
Même si aujourd'hui les différents phénomènes
caractérisant le monde quantique, tels l'intrication ou la
superposition d'états, peuvent être constatés
et utilisés par la technique, ils restent inexpliquées
en termes de physique ou de cosmologie ordinaire. Il en est de même
des questions intéressant ce que l'on nomme le vide quantique.
Il est possible de recréer des états de la matière
suffisamment denses et chauds pour permettre l'équivalant
de fluctuations quantiques voisines de celles supposées avoir
donné naissance à notre univers, mais on peut penser
que créer, aujourd'hui ou plus tard, des bulles d'univers
en laboratoire ne sera jamais possible.
Cependant les physiciens quantiques, dans le cadre d'une encore
hypothétique gravitation quantique, ne renoncent pas à
modéliser de tels phénomènes, à les
expérimenter à de très petites échelles
et donc à commencer à comprendre en quoi consiste
exactement l'univers profond que l'on pourrait qualifier d'infra-quantique.
Prudemment cependant, ils se préparent à affronter
de nouveaux domaines de non connaissance révélés
par ces progrès futurs de la connaissance. Ils ne peuvent
garantir qu'ils ne se heurteront pas ainsi au mur d'inconnaissable
évoqué par Marcello Gleiser.
Questions philosophiques
Nous avons indiqué en introduction qu'il ne fallait pas confondre
la philosophie des sciences, mettant en perspective l'évolution
des différentes connaissances, et la philosophie proprement
dite, qui discute d'un très grand nombre de questions qui
ne seront jamais abordables en terme scientifique, par exemple qu'est-ce
que le bien, le mal, l'amour, qu'est ce qu'il y avait "avant",
qu'est ce qu'il y aura "après", les dieux existent-ils
? ...toutes questions que les humains se sont posées bien
avant l'apparition de la science, et qu'ils continueront à
se poser, tout en sachant qu'elles ne recevront jamais de réponses
scientifiques. Elles sont néanmoins fondamentales car la
façon dont une personne, un groupe, un pays traitent de telles
questions définit le type de civilisation auquel ils se rattachent.
Mais à côté de ces questions existent d'autres
questions philosophiques suggérées par le développement
des sciences. Ce sont précisément celles que Gleiser
définit comme se trouvant au delà du mur du scientifiquement
connaissable mais qui demeurent importantes aux yeux d'un questionnement
philosophique suscité par le progrès des connaissances.
Ainsi peut-on se demander, en observant la vie d'un insecte généralement
inconscient de son passé et de son futur, si notre vie est
ou non différente, à d'autres échelles. De
même, observant ce même insecte à l'insu de celui-ci,
nous pouvons très légitimement nous demander si d'autres
entités, beaucoup plus complexes que nous, ne nous observeraient
pas au même moment à notre insu. C'est d'ailleurs sur
la base d'une quasi infinité de faits aujourd'hui évoqués
par la science que les auteurs de scénarios de science-fiction
nous passionnent en éveillant notre imagination et notre
réflexion philosophique bien au delà des circonstances
de la vie ordinaire.
L'étude de la cosmologie entraîne inévitablement
d'autres débats philosophiques. A quoi bon se préoccuper
de ce que deviendra l'univers, ne fut-ce que dans quelques milliers
d'années, alors que nous ne serons pas là, non plus
que nos descendants, pour le constater ? Pourquoi s'attrister, comme
une grande majorité de gens, du fait que le système
solaires disparaîtra inévitablement dans quelques 5
milliards d'années ?
D'autres questions, tout à fait différentes, sont
posées par la cosmologie. L'humanité, dès ses
origines, a eu l'intuition qu'à côté du monde
réel, soumis aux contraintes de temps et d'espace, existait
un autre monde, intemporel et infini. Mais ne peut-on pas se demander,
sans faire référence à de quelconques divinités
habitant ce monde, si les humains, comme peut-être l'ensemble
des créatures vivants, n'ont pas d'une façon intuitive
et pour des raisons qu'il faudrait expliquer, conscience d'une "réalité"
sous-jacente à toutes les réalités que nous
ne connaissons pas explicitement.
Pour
sa part, Marcelo Gleiser, ayant pris ses distances à l'égard
de l'éducation chrétienne qu'il a reçue, ne
nous incite jamais à penser que telle ou telle question relevant
de l'inconnaissable scientifique puisse faire l'objet d'un appel
à des considérations religieuses, mais il comprend
très bien que ces mêmes questions puissent faire l'objet
de méditations philosophiques. 2)